A l’heure où l’informatique quantique et l’intelligence artificielle alimentent les fantasmes de certains et l’espérance de profits financiers pour d’autres, la presse ajoute parfois à la confusion avec des titres prêtant à ces dernières des vertus qu’elles n’ont pas.
Les bulles internet sont récurrentes. L’aveuglement face au profit immédiat et la méconnaissance profonde de l’activité des entreprises informatiques concourent à l’émergence régulière de bulles en fonction de périodes, au gré de technologies ou des modes.
Valorisation des technologiques
Je me suis amusé à comparer les grosses entreprises technologiques et les entreprises traditionnelles, en mettant en regard le chiffre d’affaire et la capitalisation boursière, laquelle est le reflet de ce qu’imaginent les investisseurs comme étant la valeur de l’entreprise. Je dis bien imaginer et non évaluer, laquelle devrait se baser sur des éléments les plus objectifs possibles.
Ratio bas, mais Apple vend des produits industriels
Google
796
92
8,7
Fintech classique
Amazon
765
148
5,2
Ratio bas, mais propose des services physiques et informatiques
Microsoft
722
75
9,6
Même Microsoft est typique des entreprises fintech !
Société
Capital*
CA*
Ratio
Commentaires
Michelin
22
22
1,0
Société industrielle classique
Société Générale
35
24
1,5
Etablissement financier
Airbus
74
66
1,2
Industrie de pointe
Total
123
143
0,9
Secteur pétrolier
ENGIE
32
65
0,5
Energie, CA très supérieur à la capitalisation
Carrefour
13
78
0,2
Commerce, idem à ENGIE (acheter ?)
L’Oréal
100
26
3,8
Luxe, ratio peu commun dans le CAC40
PPR/Kering
48
15
3,2
Luxe, également atypique
* En milliards de dollars ou milliards d’euros.
Tragicomédie
Je ne me réjouis pas des cas de faillites de start-up ou des pertes parfois très lourdes qu’occasionne cet amateurisme dans la gestion des entreprises et dans le milieu financier. D’autant plus que parfois les entreprises ont réellement des capacités industrielles, des idées, des produits, etc. Mais force est de constater qu’une mauvaise appréciation de la valeur d’une entreprise peut conduire à de fortes corrections (au mieux) ou des faillites (au pire).
Nokia, société pourtant réputée avant-gardiste et novatrice, va laisser des plumes suite au rachat de la start-up française Withings1 achetée bien trop cher. Deux ans après l’avoir acquise pour 170 millions d’euro (et avoir également fait des erreurs stratégiques comme supprimer la marque), l’entité n’en vaudrait plus que 30 en 2018, voire moins dans le scénario d’une revente à des repreneurs.
Autre approche de la bulle
Pour d’autres, la bulle est constituée par la publicité en ligne, qui est pourtant le moteur des modèles économiques des sociétés technologiques (je veux dire : celles qui survivent et qui gagnent de l’argent).
Dans certaines études sur l’efficacité de la pub en ligne, on s’est rendu compte que le gain n’était pas si flagrant. Il y a même eu un cas où eBay a carrément stoppé d’acheter chez Google des publicités pour son site web. Résultat ? Aucune différence. Oui, je répète : aucune différence de fréquentation avec ou sans publicité. Alors, quel intérêt à payer de la pub ?
Néobanques et fintechs
Encore des bulles. Favorisées par l’inepte DSP2, les néobanques ont un modèle économique stupide basé sur… la conquête du client ! Or ce qui ressort de différentes études, et de l’expérience empirique qu’on peut avoir de l’usage de l’informatique, c’est qu’à moins de s’appeler Google ou Apple, les usagers sont de plus en plus volatiles. Dès lors, comment espérer construire un modèle basé sur le fidélité des clients ?