La vérité à l’épreuve d’internet

Il fut un temps où l’informatique était un monde rempli de gens civilisés, instruits, et réfléchis. Ce temps fut même souvent militaire et discipliné, mais les civils ont fini par s’approprier cette invention dont les progrès techniques sont trop souvent confondus avec des progrès sociaux ou humains.

Les influenceurs

Impossible de parler des dérives d’internet sans parler des influenceurs, dont je rappelle la définition ici. Publicitaires ignares, ils font et refont le monde à leur sauce (ou plutôt à la sauce de ce qu’on leur refourgue) en laissant la réflexion et l’intelligence de côté. Tout le monde pense avoir raison sur tout, même sans être spécialiste du sujet, alors que le propre de l’intelligence est de proposer des idées, chacun étant libre de les vérifier, interpréter, tordre, discuter, etc. Or vous noterez que la plupart des influenceurs vous disent : « voilà la vérité ».

Or, depuis la popularisation de l’informatique et encore plus d’internet, les gens ont cette fâcheuse tendance à croire ce qu’ils voient, pensant peut-être être encore dans ce monde merveilleux et policé des débuts, où seuls des gens éduqués et instruits traînaient sur le réseau. Pour appuyer ce sentiment, la constatation a été faite par l’UNESCO1, dans un rapport sur les influenceurs et leur mode de vérification de l’information, et c’est peu dire que le constat et affligeant : 2/3 des influenceurs ne vérifient pas leurs sources2.

Allons au plus facile

Ou plutôt, en guise de vérification, ils se basent la plupart du temps sur la popularité des points qu’ils relatent. En gros, si des complotistes sont très actifs et produisent un contenu liké par de nombreux adeptes, alors le contenu est considéré comme valide. En d’autres mots : la popularité, qui n’est tout au plus qu’une marque de l’activité des adeptes d’une idée (ou de robots informatiques), tient lieu de validation. La raison est simple : c’est facile à vérifier et ça ne demande aucun effort. Or l’esprit critique demande au contraire de faire l’effort de comprendre ce qui est dit et d’imaginer les alternatives, ou de chercher les erreurs possible. Dire « c’est vrai » est beaucoup plus simple que de chercher pourquoi un énoncé est vrai ou faux. Notons que l’effort n’est pas le même et que l’esprit critique demande une certaine énergie, en plus d’une grande volonté.

Sources de réflexion

Internet et connaissance

La vérité est morte

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